Les bénévoles du Festival du film coréen à Paris (FFCP) avaient prévenu : Sinkhole est un “pur divertissement qui s’assume comme tel”. Et un bon, en plus de ça. Succès de l’été en Corée du Sud dès sa sortie le 11 août, deuxième au box-office annuel derrière Escape from Mogadishu, le film nous arrivait avec de sacrés arguments. Voilà pourquoi je faisais la queue sur les Champs-Élysées un dimanche après-midi pluvieux, avec un téléphone à 3% de batterie, sur lequel se trouvaient à la fois ma place et mon pass sanitaire. Sortir de chez soi, parfois, c’est l’aventure. Y rester aussi…
Prenez Park Dong-won, par exemple. Après 11 ans à mettre de l’argent de côté, ce père de famille vient de réaliser son rêve : devenir propriétaire à Séoul. Malheureusement, à peine installé avec sa femme et son fils, il découvre par hasard que le sol de l’appartement est légèrement incliné. Malgré son inquiétude grandissante, il organise une pendaison de crémaillère en compagnie de quelques collègues. Le lendemain, après de grosses pluies nocturnes, l’immeuble se retrouve englouti par un trou béant profond de plusieurs centaines de mètres. Coupés du monde extérieur, les sinistrés vont tout faire pour se sortir de cette situation.
Déjà réalisateur en 2012 d’un premier film catastrophe, The Tower, Kim Ji-hoon se penche cette fois sur un phénomène naturel dont les médias sont friands : les dolines. Elles apparaissent sans crier gare et avalent tout ce qui a le malheur de se trouver à la surface : voitures, maisons… Dans Sinkhole, l’immeuble entier y passe, et un second semble dangereusement prêt à le rejoindre. A 500 mètres sous terre, Park Dong-won se retrouve flanqué de visages familiers : un collègue, une stagiaire, ainsi qu’un voisin et son fils. Sa femme Young-yi, elle, est à la surface, tout comme son fils. Les opérations de secours s’organisent sans attendre mais la profondeur du trou et les conditions climatiques compliquent tout. Heureusement, pour tenir le coup, les personnages ont une réserve inépuisable à leur disposition : l’humour.
Sinkhole est en effet autant un film catastrophe qu’une comédie. La première partie ne joue d’ailleurs que sur ce registre, avant d’y ajouter l’émotion et le spectacle dès lors que le sol s’ouvre sous les pieds des personnages. Si j’ai souri plus qu’autre chose au début, j’ai ensuite ri franchement plus d’une fois. L’émotion quant à elle survient notamment entre Jung Man-soo, le voisin, et son fils Seung-tae, adolescent embarrassé par ce père célibataire qui enchaîne les petits boulots pour l’élever. Son personnage arrogant à l’extérieur et courageux à l’intérieur, campé par Cha Seung-won, et sans aucun doute le plus attachant du film. Vu récemment dans le drama Netflix D.P., Kim Sung-kyun est lui à son aise dans le rôle de Dong-won, archétype de l’homme comme les autres confronté à l’extraordinaire.
Au fond de la doline s’échouent également les illusions des personnages, convaincus jusqu’alors que leur valeur en tant que personne se mesurait au chic de leur propriété. Entre deux manifestations d’héroïsme, les compagnons d’infortune s’interrogent sur ce qu’ils ont perdu ou ce qu’ils souffrent de ne pas avoir. Sans en dire trop, la dernière séquence est un beau doigt d’honneur aux attentes qui pèsent sur chacun. Au bout du compte, Sinkhole semble nous dire qu’un rêve que l’on poursuit pour de mauvaises raisons peut se retourner contre nous, et que le vrai bonheur est à chercher en dehors des conventions.
Au chapitre des reproches : le film manque un peu de conflits pour épicer l’aventure, les personnages féminins (sauf un) sont condamnés à se languir, et je me suis perdu dans les seconds rôles. J’ai une autre remarque qui découle de celle-ci, mais je m’arrête là pour ne pas spoiler. De toute manière, j’ai passé un très bon moment devant Sinkhole, qui devrait si je comprends bien sortir en vidéo l’an prochain. Ce sera moins spectaculaire qu’au cinéma, mais c’est mieux que rien !
■ LA SEMAINE
Musique. Savez-vous qui a fêté ses 20 ans mardi ? Caramelldansen. Pas le remix nightcore que nous connaissons tous, mais l’original non-accéléré. Sorti le 2 novembre 2001 par le groupe suédois Caramell sur leur album Supergott, le morceau est devenu un mème quand une version dopée aux BPM a été plaquée sur un extrait de l’opening du visual novel érotique Popotan. L’animation Flash, longue de quelques secondes, montrait deux personnages danser les mains sur les tempes. En 2008, une version nightcore officielle de l’album Supergott, intitulée Supergott (Speedy Mixes) est sortie. Pour l’occasion, les chanteuses de Caramell sont devenues les Caramella Girls et ont été remplacées dans les clips par des personnages d’inspiration manga. Quelle époque !
+++ L’album Variety de Mariya Takeuchi est enfin disponible en streaming. LE tube est bien évidemment Honki de Only You (Let's Get Married). La chanteuse Yoshino Nanjo va quitter le duo fripSide. Elle avait remplacé sa prédécesseure Nao en 2009. L’ex-AKB48 Miyu Takeuchi arrête sa chaîne YouTube de reprises pour vendre des NFT. This is why we can’t have nice things. La nouvelle membre de PIGGS a couru un marathon de 100 km. Pour Lui a beaucoup appris auprès de Junnosuke Watanabe, on dirait. SM Entertainment donne un coup de jeune à ses vieux clips. Un projet mené en partenariat avec YouTube. BLACKPINK demande aux leaders mondiaux de sauver la planète. Vous pouvez aussi agir in your area. Lovelyz se sépare après sept ans d’existence. Seule Baby Soul reste chez Woollim Entertainment. Un Philippin invite Jennie de BLACKPINK à déjeuner sur un panneau d’affichage. Les fans du groupe ont trouvé ça creepy. Masaaki Yuasa (Inu-Oh) reçoit la Médaille au ruban pourpre au Japon. Il succède à Isao Takahata, Rumiko Takahashi et autres grands noms. Il y avait beaucoup trop de monde à Paris Manga. J’étais mieux chez moi à écrire une newsletter. Kyary Pamyu Pamyu lance un shampooing spécial cheveux teints. A tester en écoutant son nouvel album Candy Racer. Les cinq cafés Gundam japonais seront fermés en mars. L’un d’eux s’était pourtant agrandi en juillet 2020.
■ LA SÉLECTION
Musique. Après avoir passé la city pop à la moulinette future funk, le Sud-Coréen Night Tempo s’apprête à sortir un album de compositions originales en duo avec une dizaine de chanteuses. Malicieusement nommé Ladies in the City, le disque rassemblera notamment Sumire Uesaka, Miyu Takeuchi ou encore Yurie Kokubu, chanteuse active dans les années 1980 et 1990 et précédemment samplée sur le mix Nightly Tape. Deux singles prometteurs tirés de cet album sont déjà sortis : Love Actually avec Crystal Tea d’abord et, mercredi, Wonderland avec BONNIE PINK, dont le dernier album remonte à 2012. Pour Jung Kyung-ho, c’est la “collaboration de mes rêves”, rien de moins. L’album sort le 1er décembre chez Universal Music.
En streaming. Décidément, l’hiver sera animé. Après la sélection de films d’animation japonaise de france.tv, voici celle de Ciné+. Plus précisément, celle de Ciné+ Anime, une “chaîne digitale” rassemblant 45 longs-métrages, dont Paprika de Satoshi Kon, Akira de Katsuhiro Otomo ou encore Princesse Arete de Sunao Katabuchi. Pour profiter de la collection, un abonnement Canal+ Ciné Séries est nécessaire, mais tous les abonnés myCANAL pourront exceptionnellement en profiter jusqu’au 1er décembre. A noter que quelques titres sont aussi diffusés sur la chaîne Ciné+ Famiz.
■ L’AGENDA
✂️ Le Centre culturel coréen à Paris propose l’exposition Hangeul : l’alphabet coréen à la rencontre du design jusqu’au 15 novembre. Créé au XVe siècle par le roi Sejong le Grand, le hangeul est ici revisité par des créateurs contemporains.
20 rue la Boétie, 75008 Paris
✂️ Pour les 10 ans de son ouverture, la bibliothèque de l’Inalco, la BULAC, propose une exposition sur la typographie japonaise. Écritures japonaises : concevoir des caractères typographiques met en valeur à la fois le travail de l’artiste André Baldinger et la créativité des typographes et graphistes japonais de ces dernières décennies. A voir jusqu’au 24 décembre.
65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris
🎥 Le cinéma MK2 Bibliothèque programme 12 films d’animation japonaise à raison d’un par dimanche jusqu’au 12 décembre. Les deux derniers films ne sont pas encore connus, mais sont encore à voir Violet Evergarden et Liz et l’Oiseau bleu. Prochaine avant-première : Poupelle de Yusuke Hirota le 28 novembre.
128/162 avenue de France, 75013 Paris
🎥 Les mêmes films sont également projetés le samedi au cinéma MK2 Parnasse jusqu’au 8 janvier 2022, avant-premières comprises. Poupelle de Yusuke Hirota est prévu pour le 27 novembre. Vous pouvez aussi (re)voir Promare et Akira si le coeur vous en dit.
11 rue Jules Chaplain, 75006 Paris
🖼️ Le Musée du quai Branly - Jacques Chirac propose jusqu’au 16 janvier 2022 l’exposition Ultime combat. Arts martiaux d’Asie. Le Japon y a bien sûr sa place, en témoigne la présence de la Lady Snowblood de Kazuo Kamimura sur certaines affiches. Des projections et conférences ainsi qu’une nocturne viendront ponctuer l’événement.
37 Quai Branly, 75007 Paris
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C’était Cyberia N°#017. A samedi !
@presenceinwired